FRAME, VOICE, REPORT ! | Report

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Collaborer avec des journalistes

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Les défis à relever relatifs au développement et à la solidarité internationale sont de plus en plus complexes, urgents et interconnectés. Par conséquent, il est essentiel de fournir au public des informations adéquates et compréhensibles. Les journalistes et les ONG doivent développer de nouvelles méthodes afin d’informer et d’éduquer l’opinion publique européenne sur les sujets qui semblent éloignés de leur vie de tous les jours, mais qui sont essentiels pour le reste du monde. Les ONG et les médias doivent renouveler leur rhétorique afin d’améliorer la qualité de l’information qu’ils proposent.

Comment fonctionnent les médias ?

Le monde des médias : peu de personnes connaissent son fonctionnement, ses spécificités et ses méthodes de travail. Cependant, en ayant connaissance des contraintes et des attentes des journalistes, nous pouvons apprendre à mieux communiquer avec eux. Les médias peuvent être classés de différentes manières :

  • Type de média : impression (papier / web), radio, TV. 
  • Périodicité : journalier, hebdomadaire, mensuelle, trimestrielle, annuelle. 
  • Zone de couverture : nationale, régionale, locale. 
  • Propriété : publique, privée ou média du troisième secteur (associations, organisations). 
  • Ligne éditoriale : information politique et générale / d'opinion / satirique / de divertissement / spécialisée (sur un thème, un auditoire, un service)…

Il existe des milliers de médias papier, de stations de radio, de chaînes de TV et de sites d’informations. Malgré les bouleversements que connaît actuellement le secteur (crise économique, crise de confiance, crise de représentabilité), de nouveaux médias sont créés chaque jour.

Comment un journaliste choisit-il ses sujets ?

Les journalistes passent leur journée à se demander ce qui fera la une de demain. Chaque journaliste a des thèmes spécifiques à son portfolio et un journaliste travaille généralement sur plusieurs articles à la fois. Il ou elle suit les événements importants de son domaine et garde un œil ouvert sur n’importe quel événement qui pourrait faire un bon article. Cependant, les journalistes ne sont jamais entièrement maîtres de leurs choix. Ils font partie d’une chaîne de production de l’information, avec ses contraintes et ses délais, et ils se soumettent à leurs sujets ou à leur rédacteur en chef.

Se familiariser avec le processus de sélection journalistique peut être utile si vous souhaitez que les journalistes s’intéressent à votre travail. Les questions suivantes servent généralement de guide aux journalistes :

  • La ligne éditoriale : Pour quelle raison devrais-je couvrir ce sujet ? Le récit doit faire partie de la ligne éditoriale du média du journaliste et ce qu’il sait ou pense correspond aux attentes de ses lecteurs.
  • Valeur du temps : Pourquoi traiter ce sujet maintenant ? L’actualité traite de ce qui est en train de se produire. Dans ce domaine, l’actualité est vite dépassée. Le sujet doit apporter de nouvelles informations ou la compléter de manière pertinente.
  • Proximité : Mes lecteurs vont-ils se sentir concernés par ce sujet ? Les gens sont plus intéressés par les nouvelles qui les concernent directement que par ce qui se déroule à mille lieux de chez eux. Un dépotoir de déchets toxiques en Afrique ne soulève pas l'intérêt du public tandis qu'un dépotoir de déchets toxiques dans votre quartier est un sujet bien plus intéressant. Cependant, la proximité peut également se jouer sur le plan émotionnel ou social, à travers des récits de personnes qui partagent les mêmes intérêts ou expériences de vies que vous.
  • Nouveauté : Est-ce un sujet insolite ? Ceci permet d’expliquer pourquoi une guerre ou une crise comme la crise Syrienne par exemple a soulevé autant d’intérêt au début. Mais au bout d’un certain temps, lorsque rien ne change, elle disparaît progressivement des pages de couverture.
  • Conflit : Quel est le problème ? Les journalistes apprennent qu’une bonne histoire nécessite un conflit. Sinon, elle ne retient pas l’attention des lecteurs. C’est la raison pour laquelle l’actualité semble si négative. Les millions de personnes à qui il n'arrive rien d'extraordinaire ne font pas la une.
  • Intérêt humain : Y a-t-il une histoire personnelle à raconter ? Les journalistes ont besoin d’histoires « incarnées ». Pas de généralités mais des expériences, des destins, des témoignages. Le sujet doit susciter de l’émotion et faire naître l’empathie.

Indépendance : Accepter un regard critique

L’une des valeurs la plus importante pour les journalistes est la conservation de leur indépendance. Les journalistes sont libres de choisir leurs sujets, de sélectionner leurs sources et d’écrire ce qu’ils veulent dans la mesure où tout cela reste en concordance avec les principes de base que sont la vérification des faits et l’audience équitable. Une organisation de la société civile ou tout autre groupe d’intérêt doit comprendre qu’il n’est pas du devoir du journaliste de promouvoir leur action. Son travail consiste à questionner les informations que vous lui avez fournies.

Le principe d’indépendance influence la relation entre le journaliste et ses sources. Il est de la responsabilité du journaliste de citer correctement les personnes interviewées. Le journaliste n’est pas tenu de laisser ses sources lire son article avant sa publication. Si le journaliste venait à envoyer un brouillon, ses sources ne doivent corriger que les inexactitudes factuelles. Elles ne peuvent en aucun cas modifier l’article ou modifier leurs dires. La version finale est de la responsabilité du journaliste.

Le saviez-vous ?
● L’article publié correspond rarement à la version du journaliste. Il arrive souvent que le rédacteur final apporte des modifications, raccourcisse le texte, corrige les fautes de frappe et choisisse le gros titre ou l’intitulé de l'article.
● Même si vous avez passé deux heures avec un journaliste, cela ne signifie pas qu’il va vous consacrer une page entière. Le journaliste a besoin de temps pour comprendre ce que vous faites et pour le résumer pour ses lecteurs/auditeurs/téléspectateurs.

Développer un message pour la presse

Vous avez quelque chose à offrir

Attirer l’attention des médias n’est pas toujours chose aisée. Les rédacteurs reçoivent des dizaines de coups de téléphones, d’e-mails et de communiqués de presse par jour et seulement quelques-uns d’entre eux passe la sélection. Cela peut freiner les organisations à l’idée de contacter des journalistes.

Rappelez-vous cependant que les journalistes sont toujours à la recherche de sujets intéressants. Il serait peut-être utile de repenser notre relation avec les journalistes et les médias. Au lieu de réfléchir à comment influencer un journaliste, pensez plutôt à la contribution de votre organisation sur un sujet qui est présent dans les médias, à un sujet qui intéresse un journaliste en particulier ou à comment votre organisation peut enrichir cette histoire.

Que peut apporter une ONG à la construction d’un bon rapport ou d’un bon article ?

  •  Contexte : fournir des informations contextuelles sur votre travail journalier, sur les raisons pour lesquelles vous travaillez sur un sujet particulier, êtes présents dans une région particulière et auprès d’une population particulière, etc. 
  • Connexion : apporter un regard neuf sur l’interconnexion et l’interdépendance entre les pays du Nord et du Sud (les migrations, les conflits environnementaux, l’inégalité des genres)
  • Témoignages de survivants et de personnes autonomisées (abandonner l’image des victimes impuissantes) 
  • Sources d’informations directes, à travers nos réseaux dans les pays du Sud : des témoignages, des comptes rendus d’experts, de journalistes 
  • Conseils et contacts pour travailler dans les pays du Sud, y compris les zones de conflits

Pensez au destinataire du message

Au moment de contacter un journaliste, vous devez vous demander quel type de média vous souhaitez cibler. En général, les médias locaux sont plus accessibles que les médias nationaux, d’autant plus si votre sujet a un ancrage local. Contacter la télévision nécessite un projet ou un événement qui puisse être filmé et qui soit visuellement attractif. Au moment de cibler un journaliste, il vous faut penser au public que vous souhaitez toucher : Qu’est-ce qui pourrait les intéresser ? Les lecteurs d’un magazine de voyage n’ont pas les mêmes intérêts que ceux qui lisent les journaux économiques.

Après avoir choisi qui contacter, il convient de choisir le moment opportun. Quel est le moment le plus approprié pour contacter la presse ? En dehors des actions phares de votre organisation, y a-t-il des moments dans l’année qui vous permettrait de promouvoir votre action (la journée mondiale du…) ? Anticipation : Soyez attentifs aux délais des journaux. Ils ont généralement besoin de recevoir votre matériel quelques jours à l’avance, mais pas trop tôt non plus, car la planification à l’avance n’est pas courante chez les médias. Pour les journaux quotidiens, il est possible de leur faire parvenir votre contribution trois à cinq jours d’avance.

Réflexion :
Pensez à votre projet ou votre organisation du point de vue du journaliste. Y a-t-il un aspect de votre travail qui pourrait intéresser un journaliste ?

Présentez votre sujet

La règle de base est d’appeler avant d’envoyer quoi que ce soit. Cela permet d’attirer leur attention. Cela vous permet également de vous assurer que vous avez contacté la bonne personne et que vous pouvez lui envoyer un e-mail directement, au lieu d’envoyer votre message à n'importe quel membre du personnel de la rédaction et que personne ne s’approprie le sujet.

Au téléphone, il vous faudra présenter votre sujet brièvement. Pour vous préparer, posez-vous les questions suivantes : Quelles sont les valeurs importantes pour ce média ? Que veulent-ils ? Qui sont leurs lecteurs et leurs téléspectateurs ? Pour quelles raisons votre histoire peut intéresser leur public ? Assurez-vous de le faire de manière succincte. Le journaliste doit comprendre le sujet votre histoire rapidement.

Règle d’or : ne pas « raconter quelque chose sur… » mais « dire que…. ». Voici quelques exemples pour passer du « raconter quelque chose sur… » au « dire que…. ».

Nous voulons raconter quelque chose sur…

  • « Nous voulons raconter quelque chose sur un projet d’éducation avec des sages-femmes traditionnelles. »
  • « Nous voulons raconter quelque chose sur comment fonctionne le microcrédit. »

Nous voulons dire que…

  • « Nous voulons dire que l’éducation des sages-femmes traditionnelles sauve la vie de nombreuses femmes. »
  • « Nous voulons dire que le micro-crédit encourage l’engagement et la capacité de subvenir à ses propres besoins. »

Vous avez peut-être plusieurs messages à partager. Mais il est préférable de n’en sélectionner qu'un seul. Il n’est pas possible de raconter des histoires qui promeuvent deux messages. Si vous essayez quand même, les destinataires resteront confus quant au message le plus important à retenir.

Entraînement 
Préparez votre présentation d’une histoire constructive à présenter au journaliste.

Entraînement
Ecrivez un communiqué de presse afin d’attirer l’attention sur votre travail et envoyez-le au média local.

Ecrivez un communiqué de presse

Une fois le contact établi avec un journaliste, il ou elle vous demandera sûrement de lui envoyer de plus amples informations. Ecrire un communiqué de presse vous permet d’avoir un support à envoyer également aux autres médias. Le communiqué de presse sert de rappel à la prise de contact initiale. Le but premier de ce communiqué est d’inspirer le journaliste et de lui rappeler le sujet. Vous pouvez ainsi demander au journaliste s’il ou elle souhaite travailler sur votre sujet. Si la réponse est un « non » définitif, vous n’avez plus qu’à aller présenter votre sujet à un autre média.

Un communiqué de presse est un texte court, de préférence de moins d’une page, utilisant des phrases courtes, à la voix passive, au présent, sans jargon et sans abréviations. Il convient d’y ajouter votre logo, des détails pratiques (date, localisation, etc.) et les informations concernant le contact.

6 points clés pour un bon communiqué de presse : 

  • Ne pas dépasser une page. 
  • Commencer avec les faits (qui, quoi, quand, où) et continuer avec les explications (comment, pourquoi). 
  • Rappelez la mission globale et les valeurs de votre organisation de manière claire. 
  • Donnez des exemples d’actions. 
  • Ajoutez une ou plusieurs photos. N’oubliez pas d'ajouter des légendes expliquant le contenu des photos, le nom des personnes photographiées et celui du photographe. N’utilisez que des photos dont vous détenez les droits. 
  • Donnez un contact (téléphone, e-mail), afin que la « bonne » personne soit contactée rapidement et facilement.

Entretenez la relation

Vous pouvez par exemple venir déposer votre contribution en personne ou rappeler le média après l’avoir envoyée. Ainsi, votre sujet a moins de chance d'être oublié. Cependant, il convient de ne pas en demander trop au risque d’agacer le journaliste.

Les journalistes qui ont déjà donné toute leur attention à votre travail sont à traiter avec soin. Vous pouvez leur fournir des informations de manière régulière sur l’évolution de la situation. N’oubliez pas les réseaux sociaux. La plupart des journalistes ont un compte twitter : suivez-les !

L’approche : Le journalisme de solution (constructif)

Nous le savons tous, l’actualité quotidienne est particulièrement négative. Elle accentue les conflits, les catastrophes et les développements problématiques et contribue souvent à donner un sentiment de désespoir et une vision du monde déformée. D’après les sondages de la fondation suédoise Gapminder, quasiment personne en Europe n'est au courant des faits mondiaux de base tels que le déclin de la pauvreté, l’amélioration de la santé ou de l’espérance de vie.

Ce « biais négatif » n’aide pas le public à s'impliquer dans les problématiques mondiales. Au lieu d’encourager les gens à agir, cela les prive de la foi en l’idée qu’ensemble nous pouvons résoudre des problèmes. Ainsi, le programme Frame, Voice, Report ! promeut une approche journalistique constructive. Le principe du journalisme de solution est de donner aux récits plus de contexte et de parler des solutions, au lieu de tourner autour des problématiques négatives et basées sur le conflit. En donnant plus d’informations contextuelles et en parlant de ce qui fonctionne, il est plus facile de se représenter une vision réaliste du monde.

Le journalisme constructif ne doit pas être confondu avec un simple énoncé des nouvelles « positives » ou « bonnes ». Il adhère aux fonctions premières du journalisme, comme le fait d’être critique, vigie et d’alerter le public. Cependant, il ajoute quelque chose à la routine du journalisme existant, en posant des questions différentes et en soulignant les solutions potentielles.

Principes du journalisme de solution (constructif)

Le journalisme constructif est critique mais n’est pas cynique, il présente diverses perspectives à une même situation, tente d’impliquer le public et se focalise sur les possibilités, les forces et la croissance, tout en conservant l’importance des valeurs de base du journalisme. Les cinq principes suivants ont été adaptés de « From Mirrors to Movers », de Cathrine Gyldensted (2015).

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Exercice :
Etes-vous au fait des derniers grands événements mondiaux ?  Testez votre vision du monde sur Gapminder

Réflexion : Lisez votre propre littérature comme votre site web ou votre newsletter. Est-elle articulée de manière constructive ? Que pourriez-vous faire pour rendre son contenu plus constructif ?

Questions à vous poser : Comment comptez-vous incorporer les principes du journalisme constructif dans votre projet ?

Vade-mecum : Pour une meilleure information sur la solidarité internationale et les pays du Sud

Cette section présente 10 points essentiels identifiés par les journalistes mais aussi les ONG, les administrations et les universités, travaillant en collaboration afin de produire un « vade-mecum pour l’information internationale responsable ». Elle décrit également les principes d’une approche journalistique constructive et basée sur les solutions.

1. Encourager un journalisme de « solutions »

  • Allez plus loin que la simple description des problèmes. Expliquer les solutions et les propositions potentielles, y compris celles proposées par la société civile et leurs résultats.
  • Adopter un point de vue journalistique critique qui encourage à la réflexion.

2. Traiter tous les pays et les communautés avec dignité. Eviter le sensationnalisme et la victimisation

  • Etre conscient de l’importance du vocabulaire utilisé. Faire attention à la fois au langage écrit mais aussi au langage audio-visuel.
  • Eviter tout langage discriminatoire, androcentrique ou qui utilise des stéréotypes. Eviter les concepts à connotation négative (« l’aide » n’est pas la « coopération », les termes tels que « sous-développé » ou « tiers-monde » ne sont pas pertinents puisqu’ils sont inadéquats et obsolètes). 
  • Demander, lorsque cela est possible, le consentement des personnes avant de publier leur photo. Ne pas médiatiser des images portant atteinte à la dignité de la personne humaine.
  •  Dépeindre les groupes et les communautés comme des « lutteurs », pas seulement comme des « victimes ». Etre particulièrement prudent lorsqu’il s’agit de dépeindre les femmes : Eviter de les montrer exclusivement dans le rôle classique des individus uniquement en charge de la famille. Parler de leur rôle en tant qu’acteur politique, économique, social et culturel. 
  • Etre particulièrement prudent quant aux témoignages ou aux photos d’enfants et éviter de les utiliser de manière sensationnelle. La dignité des enfants et leurs droits doivent passer avant toute autre considération.

3. Distinguer l’information journalistique de la communication institutionnelle des organisations 

Les organisations doivent fournir des informations allant au-delà de celles uniquement liées à leurs activités. Les formations sur la communication doivent être favorisées au sein des organisations afin qu’elles puissent fournir des informations utiles aux journalistes.

4. Rendre plus visibles les participants des pays du sud, qu’ils soient impliqués ou non dans la coopération internationale. Les inclure dans la production d’informations. 

  • Etre conscient des différentes présentes sources sur le terrain et donner la parole à la population locale. Consulter toutes sortes de sources du sud, pas uniquement les ONG mais aussi les gouvernements, les leaders et les professionnels locaux, etc.
  • Développer les alliances nord/sud afin d’enrichir, de diversifier, de produire et de disséminer l’information. 
  • Donner la parole aux individus afin qu’ils puissent raconter leur propre histoire. Inclure l’opinion des enfants sur des sujets qui les affectent. 
  • Travailler avec des journalistes et des médias des pays du Sud.

5. Eviter de se limiter au rôle prédominant des ONG du nord lors de la production d’informations : Eviter d’ONGifier toutes les informations internationales 

  • S’engager dans une coopération avec différents points de vue (économique, politique et culturel) afin d’encourager la compréhension. 
  • Assumer des questions importantes qui ne soient pas simplement centrées sur les projets de l’organisation. Fournir les outils nécessaires afin de mettre les mesures de solidarité internationale en perspective.

6. Encourager la compréhension des événements et de leur complexité à l’aide de leurs contextes et de leurs causes. 

  • Lorsque cela est possible, utiliser des formats étendus apportant le contexte des événements et la localisation des projets en place. 
  • Répartir l’information selon le genre, l’âge et/ou l’appartenance à un groupe ethnique, en particulier pour les problématiques affectant les hommes, les femmes et les enfants de manière distincte.

7. Encourager les médias locaux à s’emparer des réalités internationales afin d’encourager la sensibilisation mutuelle au sein des différentes populations

  • Etre conscient des problèmes et des intérêts locaux et faire des propositions adaptées au journalisme local. 
  • Donner la parole aux pratiques locales qui peuvent être une source d’inspiration à l’international.

8. Voir les événements dans une perspective et les présenter avec une dimension globale afin d’encourager la compréhension des interdépendances actuelles et futures. 

  • Montrer la relation entre les causes et les impacts dans les pays impliqués.
  • Soulever l’intérêt et la curiosité de l’auditoire en présentant les problèmes communs et l’engagement des citoyens dans toute leur diversité.

9. Se référer à la coopération internationale d’un point de vue général encourageant une prise de conscience des différents aspects et distingue les actions de développement de celles liées à l’urgence. 

  • Présenter les conflits sans les simplifier. Eviter d’utiliser le vocabulaire technique de la coopération et chercher la simplicité mais sans être trop réducteur. 
  • Dépasser la présentation purement technique de la coopération sans oublier la dimension politique des actions de coopération.

10. Réaliser un suivi des événements et des situations 

  • Eviter le monopole des urgences, des conflits et des catastrophes dans la couverture standard. Réaliser un suivi des événements et fournir des informations de manière régulière sur l’évolution de la situation.

Collaborer avec des journalistes : exemples

Cette section fournit quelques exemples intéressants de collaborations entre des ONG et des journalistes sur des projets médiatiques.

Etude de cas : Prise de vue lors du coup d’Etat au Burkina Faso

L’ONG française Res Publica promeut les droits des personnes au Burkina Faso. Elle a fait équipe avec un journaliste de Soli.TV, une Web TV, afin de promouvoir un documentaire intitulé « Citoyen façon Faso : Article 37 ». Le film relatait les événements survenus au Burkina Faso en 2014, suite à la proposition du gouvernement sur la modification de l’article 37 de la constitution. Ce dernier ne permettant au président d’être réélu qu’une seule fois. Leur projet a été financé par des fonds européens à travers l'appel à projets DevReporter Network.

L’objectif de Res Publica et Soli.TV était de mettre un coup de projecteur sur les initiatives citoyennes du moment. Il ne s’agissait pas uniquement d’une coopération entre un journaliste et une ONG travaillant sur la coopération au développement, ils ont également décidé d’impliquer la réalisatrice de films et documentaires, Apolline Traoré (en photo).

Tout était prêt, les rendez-vous étaient pris, l’emploi du temps fixé… Et c’est alors que le coup d’Etat a eu lieu le 17 septembre 2014, bouleversant la réalisation du film documentaire. La population s’est

Etude de cas : Le cas des vendeurs de rue

La vente non-autorisée dans les rues est une réalité de la vie quotidienne de nombreuses municipalités catalanes. Selon SOS Racisme, une ONG catalane, les vendeurs de rue sont soumis au racisme et aux mauvais traitements de la part des autorités. L’ONG a travaillé avec le journal numérique Catalunya Plural afin d'apporter une vision alternative aux préjugés généralisés envers les vendeurs de rue non-autorisés. L’objectif du projet « Vide mantera » était d’analyser les causes et les conséquences de ce phénomène international, qui peut être expliqué depuis la perspective de la justice mondiale. Cette coopération a conduit à une série de rapports et un documentaire « Plegar la manta », qui a été diffusé en heure de grande écoute sur Televisió de Catalunya, la chaîne de télévision publique principale.

Cette forte collaboration entre ONG et journalistes a porté ses fruits. Elle a permis de donner à SOS Racisme une meilleure connaissance du fonctionnement des médias : sur la façon dont « naît » une histoire et comment les journalistes choisissent leurs sources d’informations. Ils ont été surpris de la différence de perspective existant entre l’ONG et les médias sur un même sujet de communication. L’ONG a également apprécié le fait d’être présente en tant qu’expert sur le sujet ainsi que la possibilité d’avoir un impact sur la façon de cadrer l’information.

D’après les journalistes, la collaboration avec l’ONG leur a permis de dépasser les dynamiques médiatiques traditionnelles (édition spéciale, urgence) et de faire place à un sujet ou une approche qui, sans la subvention et la collaboration avec l’ONG, n’aurait sûrement jamais vu le jour. Leurs liens avec l’ONG leur a donné un accès à la source primaire d’informations, tels que les témoignages directs des vendeurs de rue. Le temps, les ressources et le travail consacré à la documentation et à la création du rapport ont permis de le placer dans une approche contextuelle, ce qui a permis de réaliser un rapport de meilleure qualité et plus indépendant rassemblée dans plusieurs villes et dans la capitale, malgré le risque de répression. Il était difficile de sortir les caméras et de réaliser les interviews. L’équipe a dû quitter le terrain et trouver une autre solution. Apolline Traoré était responsable des interviews sur place. Les réseaux sociaux ont également été utiles pour maintenir le contact et continuer à interagir avec les personnes interviewées au cours du documentaire.

Malgré les obstacles, l’équipe a produit un documentaire de 52 minutes avec la participation active de la réalisatrice locale et le témoignage de nombreux citoyens du Burkina Faso. Les opinions et initiatives rapportées dans ce documentaire ont apporté une perspective intéressante sur ces événements.

Etude de cas :  Inviter des journalistes dans « l’autre Palestine »

Le mot « Palestine » seul conduit souvent à une avalanche de clichés violents : conflits politiques, guerre, sang. Mais au-delà des images « choc » et de l’actualité brulante, la Cisjordanie a sa propre vie. Une terre remplie de mythes et d’histoire, berceau de la civilisation, elle concentre des trésors culturels et religieux indéniables tels que la basilique de la nativité à Bethléem. 37 Photo : Patrice Texier Afin de promouvoir le développement local et de créer des liens entre les différentes communautés sur place, trois partenaires franco-palestiniens (Tetraktys, AFRAT et Masar Ibrahim al Khalil) ont lancé un projet de tourisme appelé « Sur la piste d’Abraham ». Cette piste de 125 km parcourt des paysages encore méconnus et ignorés des visiteurs. 

Accompagnés par Tetraktys, trois reporters ont accepté le défi et réalisé une partie du parcours à pied pendant 10 jours durant le mois de juin. L’objectif était d’appréhender l’impact de ce projet touristique sur la population locale et leur manière de le considérer. Ils n’ont pas fait que marcher, ils ont aussi rencontré des gens. Le soir, chacun d’entre eux logeait individuellement chez un habitant (en photo).

Les points de vue divers des journalistes ont permis de nourrir le projet. L’un d’entre eux a réalisé un documentaire photo accompagné de réflexions écrites sur les problématiques sociales des Palestiniens. Un autre a réalisé une série de portraits intimes. Tetraktys a donné une importance toute particulière à la liberté d’expression : « L’idée était que les trois journalistes puissent venir sur le site en portant un regard neuf sur le projet et s’en faire une idée personnelle », dit Ivan Bouchez, chef de mission de l’ONG. « Nous étions entièrement libres », dit Patrice Texier, l’un des journalistes. « L’objectif n’est pas de parler de l’organisation ou du projet lui-même mais du thème, son contexte et tout ce qui l’entoure ».

L’autre journaliste, Maja Daniels, a rajouté : « Ce travail aurait bien sûr pu se faire sans l’ONG mais cela aurait pris beaucoup plus de temps et au final nous aurions dû passer par des intermédiaires et des interprètes ». En fin de compte, l’expérience a été un succès pour tous. Les journalistes ont pu s’immerger dans le terrain rapidement, ayant un accès direct aux différentes sources. Tetraktys, quant à elle, a pu bénéficier d’un point de vue neuf et critique sur son champ d’intervention.

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RESACOOP

Le groupement d’intérêt public RESACOOP est le réseau Auvergne-Rhône-Alpes d’appui à la coopération et à la solidarité internationale.
Ses activités s’articulent autour de ses 5 missions principales : Observatoire, information, accompagnement, mise en réseau et éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale.

Informations pratiques

RESACOOP – Groupement d\’intérêt public

Site Lyon (siège) 
Campus UCLY – 10 place des Archives  – 69288 Lyon cedex 02
Tel. : 04 72 77 87 67  – information@resacoop.org

Site Clermont-Ferrand 
Hôtel de Région  – 59 boulevard Léon Jouhaux  – 63050 Clermont-Ferrand

 

Notre standard est accessible du lundi au vendredi de 10h à 12h30 et de 14h00 à 16h00.
Nos locaux sont accessibles sur rendez-vous uniquement.

Notre équipe peut-être contactée à tout moment par courriel soit via les boutons ci-dessous, soit par mail à information@resacoop.org.

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