Les problèmes de développement auxquels nous faisons face aujourd’hui sont des défis mondiaux. La communication sur le développement doit, par conséquent, être basée sur l’implication égale des participants des pays du Nord comme du Sud. Cette section explique l’importance d’inclure les voix des pays du Sud et fournit des outils afin de les inclure au projet
Trop souvent, nous parlons au nom des populations des pays du Sud au lieu de les laisser s’exprimer. Alors que nous clamons porter la voix des populations les plus touchées par l’injustice mondiale, nous supprimons leurs voix en parlant à leur place. En effet, les voix les plus tues sont celles des « bénéficiaires » de l’aide au développement dans les pays du Sud. Afin de mettre en œuvre une communication inclusive, nous devons penser aux voix à inclure.
Les récits les plus inspirants sont ceux des personnes qui racontent leurs expériences vis-à-vis des problématiques mondiales. Inclure les voix des pays du Sud peut améliorer votre communication car cela peut apporter une autre vision des choses et permettre ainsi d’étendre le champ narratif. Les voix des pays du Sud peuvent apporter de nouvelles idées. Elles peuvent nous réapprendre ce que nous avions oublié.
Inclure les voix du Sud peut également nous aider à déconstruire les stéréotypes communs sur la réalité des ces pays qui façonnent nos pensées. Cependant, il est également important de prendre garde à ce que les voix du Sud ne créent pas de nouveaux stéréotypes en remplaçant les anciens par un procédé similaire. Nous devons garder en tête qu’une personne des pays du Sud reste un individu avec un contexte qui lui est propre. Les voix du Sud sont diverses et une personne ne peut représenter qu’une seule réalité.
Nous pouvons renforcer les voix du Sud en attribuant des temps de parole aux personnes concernées, qu’il s’agisse de nos partenaires ou des groupes cibles du Sud. Plutôt que de parler en leur nom, en nous focalisant sur notre propre vision de la situation, nous pouvons les laisser parler directement dans notre communication. Cela permet de mettre en lumière le fait que les populations du Sud sont des acteurs du changement de leur propre vie.
Lorsque nous parlons aux autres, les questions que nous leur posons façonne leur compréhension. Si nous ne faisons que demander ce qui est difficile, pénible, triste, nous ne faisons qu’auditionner la personne interviewée dans le rôle de la victime, ce qui peut ne pas lui convenir. Il se peut que la personne interviewée ait une histoire extraordinaire sur la façon dont elle gère la situation. En outre, en tant qu’intervieweur, vous pouvez choisir d’élargir le récit pour inclure ce qui a amené la personne dans cette situation.
Exemples de questions constructives :
● Que faudrait-il pour résoudre […] ?
● Souhaiteriez-vous aider à résoudre […]?
● Quand faites-vous cela ?
● D'autres personnes peuvent-elles contribuer ?
● Comment pouvez-vous dépasser les obstacles potentiels ?
● Qu’adviendra-t-il si vous résolvez […]?
● Qui vous a aidé/soutenu ?
● Qu’avez-vous appris qui pourrait profiter à d’autres ?
● Comment vous êtes-vous investi pour changer […] ?
● Comment l’avez-vous vécu
Les voix du Sud sont des points de vue, des expériences, des connaissances et l’expertise des populations des pays du Sud qui souhaitent agir pour un monde avec une justice mondiale. Une voix du Sud peut être la voix des personnes vivant dans les pays du Sud, mais aussi celle des personnes originaires du Sud mais qui vivent actuellement dans un pays du Nord.
Questions :
● Quelles « voix des pays du Sud » font partie de votre réseau ?
● Avez-vous considéré une coopération potentielle avec un ou plusieurs participant(s) du sud afin de développer et mener votre projet ?
L’un des dangers à éviter est de supposer que n’importe quelle personne d'un pays du Sud représente les voix de toutes les personnes du Sud. Etre originaire d’un pays du Sud ne rime pas forcément avec le fait d'avoir un intérêt pour les problématiques de justice mondiale. En outre, les pays du Sud ne forment pas un bloc homogène. Chaque individu du Sud apporte son propre contexte, ses perceptions et ses valeurs au récit. Ce qui est important pour la communication globale c’est de reconnaître la multiplicité des voix, fait commun à toutes les sociétés.
Les immigrés ont un potentiel significatif pour contribuer à la communication sur les problématiques mondiales. Parmi les immigrés, il y a différentes communautés issues de la diaspora. Leurs représentants ont la plupart du temps des contacts réguliers avec leur pays d’origine et participent souvent au développement de celui-ci. Il est également utile d'y inclure les étudiants internationaux. Eux aussi peuvent porter un vif intérêt et être conscient des problématiques de justice mondiale.
Vous trouverez ci-dessous des exemples dont vous pourrez vous inspirer pour faire toute la différence en incluant des voix du Sud dans la communication de votre projet.
L’ONG catalane « SOS Racisme » s'est embarquée dans le projet « Vida Mantera » pour donner la parole aux vendeurs de rue de Barcelone. L’objectif du projet, qui a été mis en œuvre avec le journal en ligne Catalunya Plural, était d’analyser les causes et les conséquences de ce phénomène international et de contrecarrer la propagation des préjugés et des stéréotypes. Nous avons cherché les causes de cette activité dans la ville elle-même, au niveau des frontières européennes et dans le pays d’origine des personnes qui mènent cette activité. Le projet a donné une voix aux migrants et à leur famille afin qu’ils puissent raconter leur histoire. Il a également donné une voix aux administrations publiques du Nord, telle que celle de la mairie de Barcelone, des organisations internationales (OIM) et des ONG expertes. Les auteurs ont travaillé avec la journaliste sénégalaise Mariama Badji. Elle a collaboré en tant que contact au Sénégal, contribué à la dissémination des rapports et a participé à la conférence de Barcelone. Elle a également publié un article à ce sujet dans « Le Soleil », un journal sénégalais. Tout au long du projet, les journalistes ont utilisé le terme « non-autorisé » plutôt que « illégal » afin d’éviter la connotation négative et la criminalisation des vendeurs. En outre, ils ont utilisé des images représentant les personnes à la fois dans les pays du Nord et dans les pays du Sud, comme étant des personnes actives, autonomes et déterminées. Les rapports donnent une voix aux pratiques locales qui peuvent être une source d’inspiration au niveau international, tout comme la création du regroupement de vendeurs de rue « Tras la manta », une initiative locale innovante. Source : Lafede, Espagne
Pro Ethical Trade Finland (Eetti) utilise des réseaux nationaux et internationaux dans son travail de communication et d’éducation mondiale. Eetti est une organisation de la société civile promouvant le commerce équitable partout dans le monde, la production durable et le consumérisme responsable. Pour Eetti, il est important d’obtenir l’expérience directe des personnes qui travaillent par exemple dans les usines de confection et de ne pas les présenter comme des victimes mais comme des acteurs du changement. Etant donné qu’Eetti n’a pas de partenariat direct avec des organisations de la société civile des pays du Sud, elle s'est particulièrement impliquée dans la campagne « Clean Clothes Campaign (CCC) » dont le but est d’améliorer les conditions de travail et de soutenir l’autonomisation des travailleurs dans l’industrie de la confection et du textile. La CCC est une alliance de différentes organisations de 16 pays européens. Parmi ses membres on trouve des syndicats et des ONG couvrant un large spectre de perspectives et d’intérêts tels que les droits des femmes, le plaidoyer des consommateurs et la réduction de la pauvreté. L’alliance compte sur un réseau partenaire de plus de 200 organisations et syndicats dans des pays de production de la confection afin d’identifier les problèmes locaux et les objectifs et d’aider à développer les stratégies de campagne pour soutenir les travailleurs dans leur démarche. A travers le secrétariat international basé à Amsterdam, le CCC de Finlande reçoit des informations régulières sur les problématiques auxquelles les travailleurs de la confection font face dans les pays de production. Eetti utilise des études de cas des pays du Sud, reçues à travers le réseau afin d’informer les journalistes et les média finlandais sur leurs conditions. Grâce à d’autres membres du réseau, Eetti a également impliqué des experts des pays du Sud en tant qu’intervenants lors de séminaires et conférences sur les problématiques soulevées par la CCC. Source : KEPA, Finlande
Pense-bête pour votre projet de communication :
● La vision et les perspectives des autres, des personnes du Nord comme du Sud, sont-elles présentées de manière non biaisées et avec respect ?
● Dans quelle mesure le contenu entretient-il et renforce-t-il les stéréotypes qui sont communément associés aux pays du Sud ?
● Avez-vous vérifié si des débats pertinents se tiennent à l’heure actuelle sur les problématiques choisies pour le projet ?
● Votre projet est-il dominé par des perspectives du Nord ou du Sud ?
● Avez-vous anticipé une réaction complètement différente de la part des participants des pays du Sud ou originaires des pays du Sud lorsqu'ils prendront connaissance de votre projet ?
Le groupement d’intérêt public RESACOOP est le réseau Auvergne-Rhône-Alpes d’appui à la coopération et à la solidarité internationale.
Ses activités s’articulent autour de ses 5 missions principales : Observatoire, information, accompagnement, mise en réseau et éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale.
RESACOOP – Groupement d\’intérêt public
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